vendredi 28 septembre 2012

Record traversée du Echet river canyon

 

 
 
 
Rencontre avec Jujutrail après son record sur le échet River Canyon...Par Niandi Carmont pour Génération-Trail !Le Echet River Canyon en France a toujours représenté un défi sportif pour les raideurs les plus expérimentés et les plus ardus. De nombreux traileurs élites et aventuriers ont été attirés par les conditions climatiques extrêmes, les difficultés du terrain et la beauté incomparable de cet endroit sauvage, aride et magique. Avec ses 4kms de chemins pierreux, rocheux, sablonneux, les nombreuses traversées de rivières, le Echet River Canyon reste un des trails les plus difficiles au monde.

En 2003, les Namibiens Russell Paschke, Charlie du Toit et Coenraad Pool ont établi le record de 32 minutes 20" sur ce parcours. Mais le 1er août 2012, Jujutrail du Team hoka local a explosé ce record avec un chrono impressionnant de 24' 22s. Il a été filmé par une équipe en hélicoptère (vidéo à voir ici)
Mais qui est ce jeune sportif nord lyonnais encore peu connu des traileurs français ? Niandi Carmont l'a rencontré pour Génération-Trail " J’ai rencontré jujturail pour la première fois il y a 3 ans dans Belledonne lors d’un pasta party où l’on récompensé les meilleurs coureurs de l’année. Jeune, enthousiaste et doué, ce jeune nord lyonnais de 30 ans qui parcourt la région à la recherche de sensations fortes, a depuis élargi son palmarès et on risque de le voir prochainement sur le Tiranges Trail ".
Qu’est-ce qui t’a ammené à te fixer le record du échet River Canyon comme objectif ?J’y suis allé quant j'étais enfant et j’ai toujours trouvé le canyon impressionnant et en 2009 quand j’ai fait une course, le trail givré, et que j’ai dû traverser le Canyon, j’ai vraiment souffert. Cela m’a couté une huitème place um et 2 ans plus tard j’ai décidé de tenter le record. Cela c'est fini en échec à cause des inondations. J’avais fait une reconnaissance du parcours quelques jours auparavant et j’ai dû être évacué en urgence parce qu’on avait ouvert les écluses à cause des pluies torrentielles. J’ai eu l’impression que le Canyon m’avait vaincu une deuxième fois et cela m’a renforcé dans ma motivation d’y retourner mais en même temps j’étais impressionné par l’invincibilité de ce canyon. Dans rhone alpes, c’est une randonnée très cotée alors je me suis dit que ce serait bien de le faire en courant ! C’est spectaculaire mais le canyon peut devenir très aride et caniculaire auss
 
Tu dis qu’il s’agissait plus de vivre une expérience que d’établir un record, qu’entends-tu par cela ?Pour vivre cette expérience, il a fallu trouver un prétexte car cela coûte très cher de mettre cela en place (équipe, logistique, hélico...). Le record c’était le prétexte pour mobiliser tout ce monde mais ce me motivait d'abord c’était l’expérience, le vécu. Se découvrir et être face à soi-même, vaincre ses angoisses et ses peurs et aller jusqu’au bout. C’est justement quand j’éprouve du plaisir que je me dépasse physiquement. Quand je suis angoissé par la course, mon corps se raidit et je ne suis plus au meilleur de ma forme.
Qu’est-ce qui fait du Echet River Canyon un défi sportif unique et hors norme ?Les premiers kilomètres en descente sont assez "casse-gueule", très raides et très techniques. Ensuite il faut descendre de roche en roche jusqu’au fond du canyon. Après c’est plus où moins plat, pas de montées majeures mais par contre c’est très rocheux et sablonneux. Il faut bien tracer son chemin et on est souvent ralenti. Le terrain est accidenté et on peut se fouler une cheville. C’est ça le plus dur, on a constamment du sable dans les chaussures. J’ai dû traverser la rivière au moins 20 ou 30 fois. Une fois, j’ai même été obligé de la traverser à la nage. En plus il ne faut pas se perdre, on suit la rivière mais il y a plusieurs variantes. Outre la course, la préparation en amont avec toute la logistique derrière aura été aussi très compliquée.
 
Il t'a fallu 18 mois de préparation, comment t’es-tu préparé ?Quand j’y suis retourné l’année dernière j’étais assez naïf. J’ai fait appel à une équipe de Namibie pour la logistique mais je m’y suis rendu à la mauvaise saison. J’ai appris par mes erreurs et cette fois-ci, j’y suis retourné avec un hélico pour le tournage mais aussi pour des raisons de sécurité. Dans le passé ceux qui avaient tenté le record y sont allés par équipe 2, 3 voire 4 et moi je le faisais en solo. Il y a seulement deux endroits où l’on peut accéder au canyon pour m’assister et c’est assez dangereux. On peut glisser, se blesser et les secours n’arrivent pas tout de suite. Je n’ai pas suivi d’entraînement spécifique, juste fait des courses. Il a fallu que je veille à bien récupérer avant le record. J’étais au pic de ma forme et je me suis beaucoup entraîné sur ce genre de terrain. Le fait d’avoir fait une reconnaissance du parcours une semaine avant m’a beaucoup aidé mentalement. L’équipe n’avait pas le droit de m’apporter assistance, j’ai donc été en autosuffisance. Je remplissais ma gourde dans la rivière et j’ai emmené des barres. Mon équipe est venue à ma rencontre une seule fois dans le canyon. Elle n’avait pas le droit de me ravitailler alors je suis juste passé devant elle en courant ! J’ai vu l’hélico 5 ou 6 fois. J’avais aussi un téléphone satellite mais je n’avais pas toujours du réseau dans le canyon.

Quelles sont les qualités requises dans ce genre de tentative ?Il faut être passionné, quand on est passionné on donne le meilleur de soi-même. Il faut se fixer des objectifs. Et souvent il faut faire des sacrifices.

En 2009, tu as dit que tu te posais plein de questions et que tu doutais de toi ?C’est vrai qu’au moment du Namibia Desert Race j’ai fait le choix de devenir coureur professionnel à plein temps et de quitter mon boulot. Mais comme la course ne s’était pas déroulée comme je l’avais prévu je me posais beaucoup de questions auxquelles je n’avais pas encore de réponses.

Tu dis également que dans la vie il faut avoir confiance en soi-même, tu ne sembles pas manquer de confiance. As-tu eu des moments de doute ?Honnêtement je sentais que si tout se déroulait comme prévu je battrais le record. Mais plus on a confiance en soi-même plus on prend de risques. J’avais peur de me blesser dans le canyon. Je m’étais fait mal à la cheville avant sur une grosse course et cela m’a angoissé.

Tu as été soutenu et assisté par une équipe pour la logistique, le tournage... Cela a été un des facteurs de ta réussite ?Oui sans aucun doute. J’ai été sur les bancs du lycée avec le gars qui s’est occupé du tournage et il sortira un autre documentaire sur mon parcours à la fin de l’année. Il me connaît très bien, il a connu mes bons et mauvais moments de ma carrière, c'était réconfortant de l'avoir à mes côtés sur cette course. Sophie ma copine s’est occupée de la logistique, cela m'a permis de courir sans avoir à réfléchir à tout ça. C'était vraiment un travail d’équipe.

Dans la vie, prendre les bonnes décisions, prendre le bon chemin comme dans le canyon, ce n'est jamais facile, as-tu l’impression d’avoir fait les bons choix dans ta vie ?Oui je pense avoir fait les bons choix, j’ai tant d’amis d’enfance qui sont ambitieux et qui veulent réussir dans le monde professionnel. Ils en oublient les vraies valeurs, ils ne sont pas épanouis, ils se tuent à la tâche pour payer des traites et à 40 ou 50 ans ils se réveillent et ils se demandent où est passée leur vie. Je n’ai pas envie de perdre 20 voire 30 ans de ma vie à faire quelque chose qui ne me passionne pas.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui souhaitent se dépasser ?Se fixer des objectifs, que ce soit une course, une distance ou un col à franchir. Cela motive les jours où on ne veut pas aller à l’entraînement. Découvrir de nouveaux trails, de nouveaux parcours... surtout ne pas tomber dans la routine.

Il y a t-il des sportifs(ves) qui tu admires ?Steph B.  m’a beaucoup inspiré mais aussi Kilian Jornet et Anton... mais j’ai autant de respect pour le premier que pour le dernier. Nous avons tous en tant que coureur de fond un lien en commun qui nous réunit.

Des courses que tu aimerais faire en France ?J'adore le trail des Cabornies pour ses passages techniques, Tiranges pour son esprit originel. Je rêve de faire la traversée de Belledonne et le tour des fiz.

Merci à jujutrail! Interview réalisée par Niandi Carmont pour Génération-Trail

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