vendredi 22 avril 2016

Autre temps - épisode 1 #Parisroubaix

Quand on pose ses roues sur les routes du nord, c'est pour une bonne raison: Se prendre l'espace d'une journée pour Roger De vlaeminck et son maillot Brooklyn,  et intégrer la légende du cyclisme.

Aujourd'hui, 170km entre Paris et Roubaix par delà les 26 secteurs pavés. 5000 prétendants au départ issus de la mondialisation du cyclisme, du belghollandais par grappe, du foison d'Anglosaxons, des légions d'Italiens et des cohortes de scandinaves. 3-4 français pour la touche colorée.

De l'euphorie plein les guiboles que calmera rapidement le 1er secteur de Troisvilles. Alors ça fait quoi de traverser le pavé ? Ca fait retomber la fougue à la vitesse grand V. La boue nous ramène inlassablement sur le côté, les bidons giclent, les roues dérapent, les malabiles chutent. Les cadres claquent de toutes parts. Bienvenu en enfer sans préambule. 2km et c'est la libération. Encore 25 secteurs!

Plein d'images me passent par la tête, du Boonen vs Cancellara, des conseils, garder de la vitesse, maîtriser le haut du pavé et de la souplesse sur les poignées. Promis, j'y veillerai pour le prochain tronçon. Pour la souplesse, on repassera, impossible de changer de vitesse, j'enroule gros comme les vrais. Mon guidon ? serré dans un étau.

J'ai beau essayé la survitesse, je stagne. Je semble en lévitation. Peu à peu, le pavé ronge de l'intérieur, annihile toute volonté. Pire, instaure une peur irrationnelle et vicérale. Comme un mantra tibétain "pas le prochain, pas le prochain,...".

Le summum est atteint dans la trouée d'Arenberg. Un vrai calvaire, une partie de patinette , du pavé déjointé couvert de boue. Un seul mot d'ordre apparaît : Tenir debout. A droite une ambulance récupère un accidenté,  à gauche, le fossé qui attire irrémédiablement. Quand je vois les pros qui survolent les lieux à vitesse maximale, je me rends vraiment compte de leur folie.

Plus tard, les monuments de Paris-Roubaix m'enivrent : le pont Gibus, Mons-en-Pévèle, Carrefour de l'arbre, Orchies,... Je suis vidé de l'intérieur et  mes poignets souffrent le martyr. 56km de secousse sismiques insupportables. Jusqu'à ce moment où  les portes s'entrouvent, le vélodrome, le Stab' de Roubaix. Je suis Duclos-Lassale sur la ligne azur, un tour pour finir, un tour pour entrer dans l'histoire du vélo. Promis, je ne regarderai plus pareil cette course mythique.

Le lendemain, j'ai des picotements dans le ventre quand Sep Vanmarcke allume, bouche ouverte, quand Tom Boonen grince des dents, quand Cancellara s'extirpe, le flan couvert de boue.








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