samedi 24 juin 2017

Topologie du grand col - une journée au Galibier -

Qu'elle a eu raison cette route de faire l'école buissonnière, de fuir ce fond de vallée, de prendre la poudre d'escampette vers la droite. Adieu cheminées et hangars désaffectés, elle s'en va respirer l'air frais. Certes , il lui faut s'extirper des derniers hameaux avant d'atteindre son rythme de croisière. Mais bientôt, elle sillonnera entre les bois de basse altitude, fleurant le pin et la noisette. La torpeur d'en bas cède sa place sous les ombrages. Le coup de pédale du cycliste est encore léger. Bien sûr, le grand col présente une route large, aussi large que sa renommée. Sur les bas côtés, se présentent à rythme régulier les bornes blanches et jaunes, ces spectatrices de tout temps, qui ont assisté et assisteront encore à bien des duels du mois de juillet, de Coppi contre Bartali à Froome contre les autres. La borne est là, avec sa sentence de mise à mort : sommet 16km, 9%. 

Viennent alors, les premiers chalets de la station de ski, car si la renommée est historistico-cycliste, elle s'est aussi forgée à grands renforts de canon à neige. C'est aussi l'ultime occasion de se ravitailler avant la suite des hostilités. A cet altitude, la forêt se dissipe et les alpages prennent le relais rapidement. Les baraques de bergers trônent au milieu des foins, insensibles aux intempéries . Les troupeaux semblent là depuis la création et ce berger, en appui sur sa canne, contemple ce tableau. Comme s'il avait compris bien avant les autres, les sagesses de la vie. Sommet. 12km

Comme une gigantesque machine à remonter le temps, la végétation disparaît. Le minéral, la roche, la dureté s'emparent des lieux. Ami cycliste, sois fort ! L'oxygène s'évapore, la pente se redresse inexorablement. La diva ne se laisse pas apprivoiser ainsi, il faudra lui montrer ta ferveur. La route serpente désormais comme elle peut. Le revêtement se craque sous les morsures du temps. Le sommet est là, si proche mais si loin à la fois. Les coups de peinture sur le bitume évoquent les forçats de la route. Sommet 5km;

Le grand col est une diva en tenue de soirée lovée dans son manteau de neige. Les prétendants viennent  de loin pour admirer ses strass et paillettes. Et on se fait beau s'il vous plait ! Comme en témoigne cette enfilade de Ferrari-Lamborghini-Maserati-Porsche que j'ai croisée dernièrement sur les pentes du Galibier. A moins qu'elle ne soit plus sensible au cuir rock n' roll des motards. Sommet 2km. 

Le col est là, sur le fil, surplombant les deux vallées et offrant un point de vue privilégié. On devient l'espace d'un instant ce rapace qui domine le décor.  Le détour en valait vraiment la peine. L'effort aussi.  Et bien évidemment, on fait son selfie devant le panneau pour pavaner devant les copains, comme si cela faisait parti du voyage finalement. #colderêve #galibieraddict #jouelacommePantani #coucoulescopainsjesuisplushautquevous ! 

Alors seulement, on se met debout sur le muret, face au lointain et on écarte les bras, parce qu'on est là , parce qu'on est bien!  















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