dimanche 22 avril 2018

Tour de Provence , Aix-Castellane


Ce tour de Provence s'appelait  à l'origine projet -Thou-the-sea #2. Un aller sans retour jusqu'à la mer, enfin à l'océan. Les aléas pratiques ont redirigé l'aventure vers Cassis. Les aléas organisationnels ont recentré le débat sur la Provence. C'est donc une étude de tous les soirs, avachis à terre sur les fameuses courbes de la carte Michelin. Je citerai le futur grand de l'écriture , Jean-Acier Danès :

 " On se voûte au dessus d'elle (la carte), les articulations écrasées contre la dureté du sol. A genoux face au support des mondes, on plonge dans les courbes topologiques, les noms fantaisistes et les promesses de domaines où nous ne serons que des passants. "

Des heures ainsi à coller des post-it, à tracer, calculer, affiner la ligne, la vraie, celle qui nous guidera, celle qui nous ressemble. Se mélangent les points sublimes, les cols, les villages, les lignes de crêtes, les lacets, les gorges, et les étapes. Un savant cocktail qui ne manquera toutefois de surprise et d'enchantement.

Les premiers km indiquent clairement que la performance ne sera pas invitée à l'aventure. 7-8kg de bagage sous la selle pour moi et un bon 10kg sur le dos de Sylvain.  Bien oui, une belle aventure se partage, encore mieux si les envies sont les mêmes. 

Ce troupeau de moutons qui avance paisiblement sur la route du col des portes sous la Sainte Victoire apparait comme un préambule à ce que nous réserve la Provence. De même que cette voiture remplie de Bonne Soeur aux allures de 7e compagnie. Le décor est planté. Cabane en ruine, champs de caillasse, forêt de chêne liège jalonnent les bords de notre ligne. Au loin, les sommets enneigés, ce seront notre boussole. Nous traversons les villages dans la bonne humeur, longtemps bercés par cette interrogation : "Tu crois que c'est ici que l'on fabrique les fromages blancs ? " en parlant de Rians. Nous n'aurons jamais notre réponse. 

Nous étions venus aussi pour rechercher cette belle place du village cernée de platanes, de troquets et de Marius, César et Fanny. Rien d'original car c'est comme ça partout. Le ventre rempli, nous nous élevons sur le lac de Sainte-Croix. D'ordinaire frénétique, c'est dans la quiétude que nous le longeons. De rares bateaux naviguent les gorges du Verdon.  Le pays de la verticalité se dresse devant nous, des semblants d'Edlinger gravissent les parois tandis qu'en bas, la rivière serpentent, si petite. 

Une rencontre si brève mais si marquante se produit: 
" - Bonjour, ca va ?
- oui
- Vous allez où ? 
- Australia (avec un  accent étranger).
- good luck ! "

Evidemment avec d'aussi grosses sacoches et un panneau Alaska-Argentina 13-14-15, il ne pouvait en être autant. Cette rencontre coupa court à nos futures protestations, douleurs, fatigue. Ne nous plaignons pas. Au dessus de nos têtes volent des dizaines de faucons, avares en effort, si majestueux. 
Castellane siffle la fin de notre  premier jour. 140km en 6h30, couscous et bières belges , mariage incongru mais si réconfortant, auquel on rajoutera la gentillesse de Pascale et son mari, nos hôtes du jour.














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